mercredi 18 juillet 2012

La guerre a changé

Bien, ressorti de derrière les fagots, et puisque la requête "war has changed" me fait ressortir en première position sur Google, voici ma petite interprétation de ce passage mémorable !


La guerre a changé. Plus personne ne se bat pour son pays, son idéologie, son peuple… C’est une suite sans fin de batailles par procuration. Plus d’armées régulières, les champs de bataille ne sont guère plus parcourus que par des mercenaires et des machines. La guerre et le mode de vie qui en découle sont devenus des machines bien huilées.

Un cahot fait tomber la cigarette que j’essaye désespérément d’allumer depuis cinq minutes de ma bouche. Otacon me tanne depuis des années pour que j’arrête de fumer. J’ai l’impression qu’il a finalement réussi à influencer mon destin. Ca fait des mois que je n’ai pas pu en griller une. Je suis à chaque fois gêné par je ne sais quoi. J’essaye depuis des années de me faire à l’idée que mon destin est tout tracé, inscrit dans mes gènes, et voilà qu’un petit informaticien binoclard l’influence avec ses campagnes anti-tabac.
Et voilà ! Un des mercenaires du camion la ramasse et l’allume. C’est toujours comme ça…
Quand j’ai débuté ma carrière, j’aurais pu être compréhensif. J’ai déjà vécu la même situation. J’ai déjà été trimballé dans un camion à travers des mauvaises pistes, entouré de soldats. Sauf qu’à l’époque on pouvait lire la peur dans le visage de chacun d’entre eux. Aujourd’hui plus personne n’a peur. Pas les professionnels du moins.

La guerre a changé. Des soldats génétiquement marqués portent des armes génétiquement marquées et utilisent du matériel génétiquement marqué. Les nanomachines qu’on leur a inoculé améliorent et régulent leurs capacités.
Contrôle génétique.
Contrôle de l’information.
Contrôle de l’émotion.
Contrôle du champ de bataille.
Tout est surveillé et sous contrôle.

Ils devraient pourtant avoir peur. On l’a repéré dans cette ville du Moyen Orient. Il y entretient une guérilla sans pitié. Même les media qui truquent sans cesse les informations annoncent un nombre délirant de morts. On ne peut qu’imaginer à quelle échelle ces chiffres sont sous-estimés.
Mais les nanomachines les transforment en machines à tuer. Tant mieux pour eux, ils n’ont pas confiance de ce qui leur arrive quand une balle leur perfore le poumon.
Ca fait maintenant des années que nous le pourchassons. Quand Otacon m’a annoncé qu’il avait été repéré ici de source sûre, j’ai pour ainsi dire sauté dans mon Octo-Camo. Je ne me suis pas posé de question. Je me suis engagé anonymement parmi les mercenaires pour être envoyé là bas en toute discrétion.
Il faut en finir avec lui, avec sa folie, ses idées de grandeur. Il évoque les idéaux de notre père, mais je ne pense pas qu’il les interprète correctement. Il a créé et contrôle plusieurs compagnies militaires privées. Il a un pouvoir presque sans limite, les champs de bataille lui appartiennent. Et j’ai le sentiment qu’il va bientôt mettre la main sur l’Héritage.
Les nanomachines font vraiment bien leur travail, ils devraient être tous morts de peur.

La guerre a changé.
L’ère de la dissuasion est devenue l’ère du contrôle.
Avec pour prétexte d’éviter une catastrophe due aux armes de destruction massive.
Et qui contrôlera le champ de bataille, contrôlera l’histoire.

La rumeur de la bataille devient assourdissante. Nous serons bientôt au cœur des coups de feu qui retentissaient tout à l’heure au loin. Le camion voisin vient de sauter sur une mine, et deux des hommes avec qui je suis viennent de se faire abattre par un sniper. Dont celui qui m’a pris ma cigarette. Quelle ironie ! C’était la cigarette du condamné à mort. Est-ce que c’est moi qui serais mort si j’avais réussi à l’allumer ?
Nous arrivons dans la ville. L’enfer se déchaîne. Ce ne sont qu’explosions, coups de feu, et cris d’agonie.
Nous sautons hors du camion. Cette ville n’est plus qu’une ruine. J’imagine que les seuls habitants restant ne sont plus que des cadavres fumants sous les gravats.
Des balles traçantes frôlent ma tête. Le sang d’un de mes compagnons éclabousse mon visage. Je veux descendre celui qui en est à l’origine, mais mon fusil s’enraille. Il ne manquait plus que ça… par chance les armes de mes compagnons ne sont pas marquées. J’en ramasse une et vais me plaquer contre un mur le temps de reprendre mes esprits. J’ai vieilli et ça se sent. Je suis désorienté et j’en suis le premier surpris. J’arrive à peine à distinguer les amis des ennemis.
Il doit être vers le nord. Je ne prendrai pas part à la bataille. Je ne tuerai que si je n’ai pas d’autre choix. Je souris malgré moi en sortant de ma cachette, car je constate que les nanomachines ne sont finalement pas infaillibles. J’ai surpris un de mes camarades, j’ai cru qu’il allait faire un arrêt cardiaque. Il a commencé à me supplier et s’est arrêté avec un soupir de soulagement. « Ah c’est toi ! ». Il a l’air mal en point. Je lui donne une ration pour qu’il se requinque. Il sera de toute façon mort dans quelques minutes. Autant pour lui que ce soit le ventre plein…
Soudain, ce que je craignais le plus arrive. Des cris stridents et métalliques résonnent. La maison derrière laquelle je suis caché tremble. J’entends des ordres de repli. Les coups de feu redoublent d’intensité. J’entends le bruit mou de la chair découpée et voit la moitié d’un cadavre atterrir à quelques mètres de moi. Des Gekkos. Il a vraiment tout prévu. On ne peut pas gagner contre les Gekkos. Ils sont rapides, puissants, mobiles et imperméables aux balles. Ils avancent dans notre direction. Je ne dois pas perdre de temps. Il faut que je les contourne, que je ne me fasse pas repérer et que je progresse. Tant pis pour mes camarades, leur vie est le prix à payer pour que je le retrouve. Ce n’est pas la première fois que je dois faire ce choix, et certainement pas la dernière. J’ai l’habitude maintenant. Si on ne peut pas lutter face à une telle puissance, il faut trouver des alternatives, et détruire le mal à sa racine.

La guerre a changé.
Quand le champ de bataille est complètement sous contrôle, la guerre devient une routine.

1 commentaire:

  1. personne ne s'est jamais battu pour son peuple, toujours une élite qui a envoyé ses obligés se battre pour elle.

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